C'est dans le regard des gens que l'on sait qu'on a fait le bon choix! [Ouvert à tous]

Dans l’idée, la réserve lui avait paru être une bonne idée, en accord avec son temps. A l’heure où le bien-être animal était de plus en plus dans les esprits des gens, se soucier du sort de ceux qui avaient été recréées par la main de l’homme était louable … après tout, les dinosaures des Îles des Cinq Morts n’avaient pas demandé à exister et après tout ce que l’homme leur avait fait subir, ce n’était que justice de leur permettre de vivre en paix, dans un semblant de reconstitution préhistorique ; mais le projet, pourtant, avait bien vite changé de cap à l’annonce de cette pandémie mondiale qui, en moins de temps qu’il n’avait fallu pour le dire, avait décimée une partie de la population. D’où était venu ce virus, comment avait-il fait pour se répandre si vite, telles étaient les questions que le monde ne manquerait pas de se poser … si tant est que le monde survive, car le dernier espoir de l’humanité résidait dans une simple île, déjà largement peuplé et pas que par des petites bêtes. Si Markus reconnaissait l’espoir qu’Isla Sorna représentait pour les exilés du continents, une part de lui n’arrivait pas à se sortir l’idée qu’ils avaient peut-être quitté un enfer pour un autre … car non, l’humanité ne tirait définitivement pas de leçons du passé : ce n’était pas pour rien que le destin avait mis 65 millions d’années entre eux et les dinosaures et les deux dernières décennies n’avaient pas manqué de le prouver à plusieurs reprises. Pourtant, avaient-ils vraiment le choix ? Si Donovan restait persuadé qu’accueillir des gens du monde entier sur Isla Sorna était une mauvaise idée, il reconnaissait aussi que c’était là, sans doute, leur seule et unique option. Dans ce projet, une infinitude de difficultés les attendait, parmi elles les dinosaures, mais pas que.  Ce qui les attendait était bien plus conséquent que la simple gestion d’une réserve, car Isla Sorna s’apprêtait à accueillir la pire des espèces qui soit : l’être humain, qui était loin d’être connu pour son respect des choses … la paix de Claire Dearing promettait de s’en prendre un sacré coup.

Les bras croisés, Donovan observa le ferry accoster, silencieux comme jamais. Attendait-il quelqu’un de l’autre côté ? Pas vraiment. Bien sûr, il avait connu des gens en dehors de cette île, des gens à qui il avait tenu et à qui il tenait encore, mais la probabilité de les voir arriver ici étaient infimes, aussi Markus se sauvegardait-il en n’attendant rien ni personne. Du regard il supervisa le débarquement, se laissa surprendre par le nombre vraisemblablement sous-estimé des nouveaux arrivants. Sans attendre, la directrice les interpella, leur souhaita la bienvenue … et dire que le campement n’était même pas terminé d’être construit ! Donovan allait devoir redoubler d’efforts pour ne pas perdre l’un de ces exilés dans la jungle, et il espérait surtout que le nombre soudain d’habitants sur l’île ne viendrait pas perturber les dinosaures, à l’équilibre si fragile. Et comment feraient-ils pour l’eau, pour l’électricité, pour la nourriture, comment feraient-ils lorsque le continent déserté ne pourrait plus leur en fournir ? Dearing devait aussi penser à cela, car piocher dans les ressources de l’île ne manquerait pas de déséquilibrer l’écosystème tout entier … et puis, ils ne pouvaient pas manger les dinosaures, non ? Il allait leur falloir penser un élevage, sans pour autant attirer la convoitise des carnivores de l’île … oui, tout cela s’annonçait compliqué, mais pas impossible pour peu que tout le monde y mette du sien. L’aventure qui les attendait avait quelque chose de terrifiant, mais Donovan en était persuadé : s’ils parvenaient à y survivre, l’humanité toute entière en ressortirait grandie … pour peu qu’elle sache montrer le meilleur d’elle-même.